LE PROCÈS DU PANTHÉON
Première partie
4 JUIN, 10 et 11 SEPT 1908.
Dans une série de messages pour ce blog, vous pourrez lire des extraits du Procès du Panthéon.
Très peu de détails sur cet événement de grande importance sont publiés à ma connaissance.
Pour vous démontrer à quel point le résultat du jury fut ignoble, selon moi, je vous transcrirai quelques pages.
Ces pages sont aussi publiées dans le Forum des Cahiers-Naturalistes.
Transcription André PAILLÉ

QUESTION

Si Grégori était jugé 100 ans plus tard, connaîtrait-il le même jugement ?

Source (Copie de la page couverture)


LE PROCÈS DU PANTHÉON 4 JUIN – 10 et 11 SEPTEMBRE 1908
GRÉGORI – DREYFUS ET ZOLA DEVANT LE JURY
LA RÉVISION DE LA RÉVISION
PRÉFACE ET PORTRAIT DE GRÉGORI
COMPTE RENDU STÉNOGRAPHIÉ ET REVISÉ DES DÉBATS
AUX BUREAUX DE LA « LIBRE PAROLE »
14, Boulevard Montmartre, 14
PARIS
CET EXEMPLAIRE DE PROPAGANDE DOIT ÊTRE REMIS GRATUITEMENT


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Aux millions de Français et Françaises, toutes et tous convaincus des impostures, trucs et crimes de l’Affaire Dreyfus et de la Revision;
A mes chers souscripteurs, où l’élément féminin, si patriote et vibrant, figura pour large part,
Et à mon grand camarade Ed. Drumont,
Je dédié ces lignes.
L. Grégori
Arrêté le 6 Juin 1908 au Panthéon pour avoir tiré, non sur Dreyfus, mais sur le Dreyfusisme;
Acquitté le 11 Septembre suivant par le Jury de la Seine.


La scène à l’intérieur du Panthéon

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R.—.…je n’ai pas eu de carte de presse, mais une carte de promenoir, pour ainsi dire, qui m’a été délivré par un des nombreux amis amis que j’ai même dans les ministères…

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R.—J’arrivai sur les bancs de la presse, à travers toutes les rangées d’huissiers et les gardiens et près du commandant Dreyfus; et la manifestation à laquelle j’avais songé, je n’ai pas à le cacher, je la fis dans des conditions purement symboliques, si je puis ainsi m’exprimer, avec la certitude de ne pas abîmer le commandant ou M. Dreyfus, mais de produire une protestation énergique contre la cérémonie du Panthéon.

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R.—Non seulement je connaissais Dreyfus de vue, mais je prétends l’avoir vu de plus près que je n’ai l’honneur, Monsieur le Président, de vous voir vous-même et l’avoir immédiatement jugé dans des circonstances que je répéterai tout à l’heure à Messieurs les jurés, au Conseil de guerre du 19 décembre 1894, où le principal accusateur de Dreyfus fut Dreyfus lui-même par son attitude pour quelqu’un qui n’avait pas l’ombre d’un parti pris. Vous savez, et vous l’avez constaté, que je n’ai pris aucune part aux luttes suscitées par l’affaire, que je n’y suis entré au dernier moment qu’en raison de l’appareil militaire déployé au Panthéon pour rendre les honneurs à Dreyfus, que je considère toujours comme coupable, j’en donnerai les raisons avec la même absence de tout parti pris, mais exclusivement au point de vue technique. De même que je trouvai la cérémonie scandaleuse au point de vue de la célébration du souvenir de Zola, l’auteur de la Débâcle et de J’accuse. Il ne faut pas oublier que telles furent mes déclarations immédiates à la mairie du Panthéon…..

D.— Il ne faut pas aller trop vite. Je vous disais que vous connaissiez Dreyfus de vue, vous rappelez un souvenir qui remonte à 1894, mais vous l’avez vu depuis la Révision.

R.—J’ai rencontré, comme tout Parisien, le commandant Dreyfus, dont la physionomie, pour moi, est un sujet d’études des plus intéressantes, mais je ne l’ai jamais recherché ou poursuivi.
L’acte d’accusation dit que j’avais conçu une haine profonde pour le commandant Dreyfus, c’est du roman de portière.
Je n’ai aucune haine contre le commandant Dreyfus; j’ai un sentiment personnel contre le Dreyfusisme et contre son œuvre, contre ce que je considère comme de véritables méfaits commis par le Dreyfusisme, surtout dans l’ordre militaire.
Je n’ai jamais crié cela par dessus les toits, il n’y aurait pas eu de cérémonie du Panthéon et surtout les honneurs militaires rendus à Dreyfus et à Zola par la garnison de Paris, qu’on n’aurait pas entendu parler de moi. J’ai rencontré Dreyfus comme un Parisien, après l’avoir noté avec une attention parfaite, sans aucun esprit partial, en toutes circonstances où je l’ai vu, et j’aurais pu lui dire : « Monsieur Dreyfus, voilà ce que vous pensez dans telle cérémonie ; vous trouvez que les gens qui glorifient les dupes ou les complices de votre réhabilitation sont – comment trouver le mot ?— bien « poires »! Voilà bien l’expression de l’attitude et du visage de Dreyfus.

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D.—Il ne faut pas anticiper. Je vais tâcher de mettre de l’ordre. J’apporte le témoignage du dossier, non le mien, à l’appui de certaines observations fort importantes que vous avez jugé à propos de faire et qu’il était nécessaire, pour la probité du débat, de faire tout de suite. Vous avez dit que dans la période de luttes de l’Affaire Dreyfus vous y avez été peu mêlé. Il y a un témoignage, – ce que je vais dire est en votre faveur, qui m’a frappé beaucoup, celui d’un journaliste, il se nomme Durand, qui dit : « J’ai été fort étonné de voir M. Grégori se livrer à un acte semblable, d’autant que je l’avais rencontré dans la période de fièvre de l’Affaire Dreyfus, et qu’il ne m’avait jamais paru parmi les violents et les emportés. Il parlait sur ces questions avec calme, comme tout le monde. Il n’était pas des violents. » Voilà qui est plutôt en votre faveur. Vous avez dit encore que vous avez fait avec votre esprit critique…..

R.—Pas critique, d’observation.

(…)

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D.—…Pour la compréhension, nous nous souviendrons qu’il y avait différents morceaux de musique : la Marseilllaise, un prélude de Messidor, de Gounod; la Marche Funèbre, de Beethoven; le discours du ministre de l’instruction publique, un quart d’heure ou vingt minutes.

R.—Vingt, trente minutes.

D.—Une symphonie de Beethoven, enfin, le Chant du Départ. Voilà le programme. Il y avait peut-être quelque utilité à le rappeler, car il y a des phases de la scène qu’il est possible de préciser dans leur succession par l’exécution du programme. Je l’ai copié sur le dos de la carte rose numéro 717 qui nous a permis d’entrer; on venait de commencer le Chant du Départ. Tout le monde était debout, le défilé officiel allait commencer. Mme Zola allait sortir probablement une des premières, puis les ministres, les personnages officiels, les grandes corporations de l’État dans un ordre protocolaire, la famille Dreyfus, le commandant Dreyfus, entouré de son frère, de sa femme, de ses enfants, il allait suivre le défilé pour sortir du temple. Où étiez vous à ce moment ?

(suite au prochain message) Transcription André PAILLÉ

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