Centenaire de la réhabilitation d’Alfred Dreyfus Dreyfus


Le 12 juillet prochain marquera le centenaire de la réhabilitation du capitaine Alfred Dreyfus, lequel fut condamné à la déportation à vie dans une enceinte fortifiée pour haute trahison. Victime de la fabrication de faux documents, Dreyfus était tout à fait innocent. À cette condamnation, un dur combat allait suivre jusqu’à une complète victoire au nom de la vérité et la justice. « Je ne crois pas que dans l’histoire des crimes judiciaires il y ait eu jamais un paradoxe aussi violent », écrivait Jean Jaurès, fondateur du quotidien L’Humanité en 1904. Par delà la France, l’Affaire Dreyfus s’est révélée un événement de presse international qui dure jusqu’à nos jours.

L’Affaire Dreyfus, qui dura 12 ans, est l’histoire complexe d’une douloureuse bataille devant laquelle notre raison se trouble. Il serait trop fastidieux de décrire ici toutes les facettes de cette erreur judiciaire qui divisa la France et bouleversa le monde à la fin du 19e siècle et du 20e siècle. Cette triste Affaire contient tout et son contraire : huis clos, dossiers secrets, duels, suicides, amnistie etc. Pour Dreyfus lui-même, ce furent deux simulacres de procès militaires, dégradation, bagne, exil, grâce, réhabilitation, etc.

Des centaines d’ouvrages ont été écrits sur l’Affaire, mais aucun à ce jour sur Dreyfus lui-même. M. Vincent Duclert est le premier auteur d’une biographie sur Alfred Dreyfus : L’honneur d’un patriote. Il décrit l’horreur de la tragédie qu’à subie Alfred Dreyfus et sa famille, la déportation, le courage des principes, les fausses légendes, sa résistance, ses espoirs, la victoire finale, le tout objectivement appuyé sur des faits avérés par les sources documentaires.

Signalons que Vincent Duclert a également réédité, en 2005, la correspondance croisée entre Alfred Dreyfus et sa femme, Lucie. Plutôt que d’être détenu en Nouvelle Calédonie, la France a préféré le confiner sous un soleil de plomb à l’Ile du Diable au large de la Guyane française, dans le but avoué de priver Dreyfus du droit de recevoir la visite de sa femme. D’où la nécessité pour le couple de s’échanger des lettres lues d’abord par les autorités carcérales, voire censurées. Voyons-y harcèlement et humiliation qui durèrent 4 années s’ajoutant au supplice d’un innocent torturé par des bourreaux sachant son innocence.

Vincent Duclert donne à Lucie Dreyfus l’importance qu’elle mérite. Enfin! Sans elle, Alfred Dreyfus aurait mis fin à ses jours comme les autorités auraient souhaité qu’il fasse. Personnage encombrant pour la France, Alfred Dreyfus fit serment à sa femme de résister jusqu’à son entière réhabilitation. Ainsi, l’honneur de leurs deux enfants, Pierre et Jeanne, ne serait en rien entaché par le drame de leur père, coupable d’avoir été juif. Bref, une histoire vécue démontrant le triomphe de la vérité sur la raison d’État.

L’Affaire Dreyfus n’est pas un obscur fait divers appartenant de surcroît au passé. Elle ne se limite pas non plus à la France du tournant du XXe siècle. À mon avis, elle est universelle. Le centenaire de la réhabilitation de Dreyfus mérite d’être souligné.

André Paillé
Québec ~ C A N A D A
andrepaille@hotmail.com

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